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AVRIL - MAI 2022

  • Writer: Eléonore Leberger
    Eléonore Leberger
  • Feb 15, 2024
  • 6 min read

Updated: Sep 19, 2024


AVRIL 22





Les gens dans ma vie en ce moment sont des passages, des ponts. Et je me demande si tous ces ponts que j’ai arpentés mènent finalement quelque part ? 


La douleur recentre et efface tout ce qui n’est pas essentiel. 


Putain TONI MORRISON - elle raconte, sans jugement, sans partie pris. Pour moi cette ouverture totale d’esprit, cette façon de regarder en face tout ce dont est fait l’être humain, de ne pas détourner le regard, c’est ce qui s’apparente le plus à l’amour. 


Je suis persuadée que la créa vient moins en réfléchissant qu’en se mettant dans l’action. 


I have to go where it hurts. Because there lies the truth. 


When you write a song, you don’t know you don’t know you don’t know, until you do. Just like in life, you have to trust the process. 


Always fighting the stream, but there is peace between my words and my music. This is how I survive, trying not to be stuck with life. By creating. And creating some more. It’s how I make the world bearable.


What matters the most sometimes is what you don’t tell

What’s there between the lines

En suspens


Les excuses disparaissent de plus en plus de mon journal et je m’en félicite. Ca participe à la concentration de mon énergie, au lieu d’être diluée dans tout ce qui amoindrit : honte, culpabilité, doutes, peurs…ça gâche tout, c’est affolant. J’ai encore beaucoup de chemin à faire pour être sans explications, sans justifications, comme un homme. 


je crois de plus en plus à la spontanéité, à laisser émerger ce qui surgit de soi-même, ne pas interférer, et remanier le moins possible avec l’intellect, car il a tendance à amoindrir la puissance de ce qui vient d’en haut. 


L’univers est grand tout puissant mystérieux et bienveillant. S’en remettre à lui complètement, le cœur ouvert. 


Just by being honest and open with yourself, miracles happen. 


Je me plains à Philippe d’être épuisée de toujours devoir tirer tout le monde, être un moteur et il me dit “mais peut-être que c’est ça ton rôle : tirer les gens.”




Tu peux te prendre tous les prétextes du monde, la vérité c’est que la liberté c’est prendre des risques et ça fait peur. Et tu n’es pas encore prête pour ça. 


Mon job c'est de créer, et d’enlever les barrières qui me retiennent encore, dans mon art comme dans ma vie. Je sais pertinemment que je suis dans le juste. Je vis ma vérité et je suis plus que jamais prête à la suivre là où elle m'amènera. 


Te libérer des cordes que tu avais toi même tissées autour de tes poignets est un long chemin. Ce que tu vois comme un gâchis aujourd’hui n'est qu’un long processus. Fais en sorte qu’il compte à présent. C’est ok, il n’y a aucun retard, tu es exactement là où tu dois être pour faire ce que tu dois faire et cette fois j’ai le sentiment que tout ce que tu écris sera ton témoignage. 


Je lis Annie Ernaux et j’ai l’impression d’avoir encore découvert une soeur, une femme de ma Tribu, avec Anaïs Nin, Frida Khalo, Georgia O’Keefe, Benoîte Groult, Christiane Singer, Cosey Fanny Tutti, Joan DIdion, Sylvia Plath etc. Je rencontre rarement voire jamais des gens comme moi, mais dans les livres je les ai vu, je sais qu’ils existent, et ça me console un peu de ne pas être seule au monde. Tellement de phrases m’ont percutée dans son livre, et elle a la même façon d’écrire sur ce qu’elle ressent, presque seulement sur sa vie intérieure, comme moi.


Là mon âme me crie LIBERTE LIBERTE LIBERTE 


I’m terrified about Thursday night's first gig. But I also know I belong to the stage, I know it will be ok. Comme avec l’interview à la radio, tout ce qu’il faut faire c’est braver ce premier sentiment de “mais qu’est-ce que je fous là” des premières secondes, respirer profondément, prendre possession de mon espace, de MA place, et l'habiter , l’embrasser de toute mon âme. 




Dans “Se Perdre” Annie dit que la liaison avec l’autre est pour elle une “perte du sentiment de soi” pour moi c’est tout l’inverse, j’essaye de me retrouver dans l’autre, par l’autre. Même si dans la plupart de mes relations, c’est vrai que je me suis perdue à chaque fois, mais cette perte m'a toujours poussée à vouloir me retrouver, à un degré toujours plus grand. Cette quête insatiable et vaine de chercher à se remplir en se mêlant à d’autres, et toujours le désespoir de ne pas y arriver… 


Annie Arnoux sur ses écrits “Sauver toutes les images qui disparaîtront”. 


Je recherche des infos sur “Se Perdre” je trouve : “Cette démarche de dévoilement, semble donc liée chez elle à un désir croissant de se mettre en danger, de s’éprouver soi-même sans se soucier de l’image qu’elle donne.” 


Les enfants ce week-end, La déréliction la plus totale… Le premier jour j’étais splendide, flamboyante, et le jour d’après, seulement 12h plus tard, je n’étais plus qu’une coquille vidée de sa substance : ridée, grosse, vieille, racornie, et je ne crois plus en rien.


Ce week-end a été un passage pour moi. LA compréhension clairvoyante et la décision ultime que je ne me sacrifierai plus jamais pour un homme (ni pour personne) cette volonté d’abattre en moi les dernières barrières.  Je dois aussi vaincre cette impression qu’il n’y a plus de temps, qu’il y a urgence à agir, urgence à fuir, urgence à vivre. Même si cette dernière idée est une vérité absolue. VIVRE VIVRE VIVRE. 


Tu ne dois rien à personne, par contre tu te dois la vérité.


Impression prégnante d’être en deuil de tout : mes rêves mes idéaux mes désirs mes envies... Comme si je devais renoncer à tout.


Je suis entourée de gens endormis, éteints. Remplie de tristesse en écrivant ces mots, comme toujours je suis seule. 


Quand je m’investis dans mon projet j’ai moins l’impression d’être bloquée. Il faut que je donne tout, c’est ma porte de sortie. SALVATION. 


MAI 22


Tout m’écoeure, le truc qui me rend le plus dingue en ce moment c’est d’entendre que mon jeu de guitare est nul et qu’il faut que j’apprenne. Est ce qu’on dit à *** que son chant est merdique ? A *** qu’elle n’a aucune présence ? Non, on les accepte tels qu’ils sont. Pourquoi pas moi ?  Parce que je ne m'accepte pas moi-même telle que je suis, ça crée une brèche et les gens s’y engouffrent malgré eux. Je suis responsable. Je dois croire en moi si je veux qu’on croit en moi. 


Donc la première décision c’est de ne jamais plus écouter que mes tripes et se mettre dans l’action coûte que coûte, même pas prêt, même imparfait, même avec un jeu de guitare de merde, c’est l’énergie et la justesse de qui tu es et ce en quoi tu crois qui compte. Et je veux me le prouver. 




Yesterday, I literally felt a hole in my stomach and in my chest after this awful wasted day. Leaving the residency and having to cancel it was such a failure for me. In the evening I had a revelation : I lost a week of work but I would turn it around by using this free time to make more art. On my own. The band is gone but I feel great again. See ? You can turn things around with any given context, nothing is really stopping you. 


“Proof that you don’t need to be trained in art or know how to play music to be in a music band,” Genesis P.Orridge


“There are a lot of musicians around, not a lot of creative people.” Genesis P.Orridge


Dream : swimming pool emptied and filled up with sand. 


Il faut que je relâche totalement et que j’arrive à aimer ce blocage, réussir à faire avec, car plus je lutte contre, plus c’est difficile. Me noyer dans l’art, dans l’action artistique. Et tout documenter avec le journal. Ca fera partie de l'œuvre aussi un jour, et ça lui apportera un éclairage nouveau. 


Can’t wait to go home to work on my video clips. I wanna try lots of new stuff. Superpositions. I want to bring them light and fire. 


To be possessed. 


Art is exploring what it is to be human. It is not a technical performance. It is a way to express ourselves, to strip the ego naked, to turn suffering into beauty, to feed the human soul.


Ce qui est important c’est l’art, c'est-à-dire la vie. Tout le reste est superflu. Je reste bloquée dans mon désespoir, un désespoir lumineux et fertile comme la mort. Qu’est ce qu’il reste quand tout s’effrite ?





 
 
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